L’éthique biomédicale assure le respect des patient(e)s selon des principes éthiques occidentaux et biomédicaux. Par conséquent, elle tient peu compte des cadres moraux qui sous-tendent les modèles explicatifs des maladies et les stratégies thérapeutiques adoptées pour les contrer, les prévenir ou les soigner au sein des autres médecines traditionnelles.
Dans ce contexte, en tant que concept opératoire, l’éthique ethnomédicale permettrait de :
L’éthique ethnomédicale comme concept opératoire
Résumé : La mondialisation, l’économie de marché, le nomadisme et le multiculturalisme suscitent de nombreux métissages entre les différents systèmes de médecine, qu’ils soient traditionnels ou en développement. Par conséquent, de plus en plus des patient(e)s d’origines ethniques différentes se côtoient dans les institutions biomédicales occidentales et, inversement, de plus en plus d’occidentaux recourent à des médecines traditionnelles autres que la biomédecine. Un nombre croissant de pays tentent aussi d’implanter la biomédecine ou de valoriser leurs médecines traditionnelles, sans compter que nos projets de recherche biomédicaux se font un peu partout dans le monde.
Dans ce contexte, si l’éthique biomédicale vise à assurer le respect des patient(e)s et des sujets de recherche selon des principes propres à l’Occident, elle le fait en excluant les cadres moraux qui sous-tendent les modèles explicatifs des maladies et les stratégies thérapeutiques adoptées pour les contrer, les prévenir ou les soigner au sein des autres médecines traditionnelles. Par conséquent, un concept opératoire comme l’éthique ethnomédicale permettrait de tenir compte des modèles éthiques intrinsèques aux différents systèmes de médecine traditionnels, biomédecine comprise, de reconnaître la complémentarité de certains systèmes de médecine dans des espaces thérapeutiques donnés et d’améliorer les pratiques de soins en alliant ethnoéthique et ethnomédecine.
Dans la perspective de l’anthropologie médicale, un tel concept devra permettre : 1) d’éviter les définitions et les représentations médicales trop réductrices, 2) d’élargir nos conceptions et perspectives d’approches des ethnomédecines, 3) de concevoir la biomédecine comme une ethnomédecine, 4) de considérer les différents niveaux de l’expérience de la maladie, 5) de concevoir la bioéthique comme une ethnoéthique et 6) de développer des attitudes bioéthiques respectueuses de la diversité culturelle.